La Ferme de l’Hirondelle abritera la première unité de méthanisation en Alsace
par 29.01.09
|« Ce qui nous motive, c’est de donner une autre image de l’agriculture, en misant sur la proximité : une agriculture locale pour une solution locale ». La parole est signée Philippe Meinrad. Cet agriculteur branché durable s’apprête à implanter avec deux confrères un site de biométhanisation sur la Ferme de l’Hirondelle, à Ribeauvillé Gare (Haut-Rhin). Une solution écologique pour valoriser les déchets agricoles locaux, tout en assurant une nouvelle offre énergétique. Mais surtout, une petite révolution pour la localité et ses 170 vaches laitières.
Une des plus grandes structures françaises
4.205.000 m3 de biogaz et 20.000 MWh d’énergie renouvelable par an, une puissance électrique de 1,2 MW… Les statistiques prévisionnelles de la future unité permettent de mesurer l’ampleur de tâche qui attend les trois exploitants-entrepreneurs réunis au sein de la SARL Agrivalor Energie.
Convaincus du potentiel des énergies renouvelables, Noël Adam, Philippe Meinrad et René Van der Meijden découvrent la biométhanisation il y a deux ans. « On a d’abord vu ce procédé en Allemagne, puis on a voyagé en Hollande pour visiter des installations et rencontrer des constructeurs ». Le trio est séduit par le volet énergétique de la technologie, mais aussi par sa capacité à substituer les engrais chimiques par un engrais organique de qualité.
Pour mener à bien son projet, Agrivalor fait le choix de rester indépendant. « On a été contacté par plusieurs bureaux d’études, souvent très chers. Ils font des beaux dossiers, mais parfois un peu légers. Du coup, on a élaboré notre dossier nous-mêmes en collaboration avec un ingénieur en interne. On a réalisé les plans, puis on a contacté deux constructeurs. On leur a dit : voilà ce que l’on veut ! », parole d’alsacien, alias Philippe Meinrad.
La rédaction du dossier prendra près d’un an, notamment en raison des règlements français encore assez flous sur cette technique. « Si tout va bien, d’ici avril ou mai, on aura l’autorisation, puis en juin le permis de construire. La construction devrait débuter en septembre. On table sur six à huit mois de travaux avant de lancer la production courant 2010. »
Total des investissements : cinq millions d’euros, pour un retour programmé sur dix ans. Les revenus provenant pour les trois quarts d’un contrat de rachat de l’électricité par EDF (à 13,5 centimes du kilowatt produit) et le reste de prestations aux producteurs locaux de déchets. Car l’unité ne se contentera pas de traiter les déchets issus de la ferme. D’autres ressources seront ainsi assimilées comme les déchets provenant des supermarchés locaux mais aussi de la fromagerie, de la restauration, des collectivités et des entreprises.
Agir durable, penser local
L’unité de biométhanisation alsacienne s’intégrera sans heurt dans le paysage local. Pour cela, il a d’abord fallu convaincre les conseils municipaux des 18 communes concernées et bien sûr, les riverains. « C’est un procédé inconnu, donc forcément, au début les gens se posaient pas mal de questions sur les odeurs ou les risques d’explosion. Nous, on était là pour expliquer que le gaz est traité et que l’air est filtré pour éviter tout risque. ». Premier exemple de la bonne intégration de l’unité au voisinage : le Centre de Balnéoludisme du Casino Lucien Barrière, qui sera inaugurée en 2010, utilisera à lui seul 65% de la chaleur produite. Ou comment faire le bonheur des curistes avec du lisier bovin. Plus globalement, le site de la Ferme de l’Hirondelle devrait couvrir les besoins électriques de 2860 ménages et les besoins thermiques de 270 familles.
En terme environnemental, l’unité produira six fois plus d’énergie qu’elle n’en consommera et évitera ainsi le rejet de 5240 tonnes de CO2 par an. Elle proposera en outre des solutions innovantes pour une unité de ce type, comme l’hygiénisation des déchets provenant des supermarchés. De quoi en faire un symbole de l’action de l’Alsace en matière de développement durable. L’installation de la Ferme de l’Hirondelle a ainsi bénéficié de l’appui de nombreux acteurs publics comme la Région Alsace, le Conseil Général du Haut Rhin et l’Ademe.
Un soutien qui se justifie aussi par le potentiel économique au niveau local d’Agrivalor. « Il faudra au minimum une personne sur place dès le début du projet. Puis, à terme, de la main d’oeuvre pour organiser la collecte des matières alimentaires, soit cinq ou six emplois », nous explique Philippe Meinrad. Emplois, gestion des déchets locaux, engrais naturels… Et si l’agriculture était le meilleur allié des énergies renouvelables ?
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