Eco-comportements des Français : encore des résistances
Bonnes pratiques | 3 réactions
par 18.09.09
|Suivante |
Les éco-technologies seront une réponse à la réduction des atteintes environnementales, mais pas évidemment la seule : la généralisation des comportements éco-responsables comptera pour beaucoup. Or, si les Français s’emploient à multiplier les éco-gestes, des résistances au changement persistent.
Entretien avec Alexis Roy, sociologue, chargé de mission « perceptions sociales et pratiques environnementales » auprès du Ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer.
Cleantech Republic : Les pratiques environnementales sont-elles entrées dans les mœurs des Français ?
Alexis Roy : Quelques points primordiaux de la pratique écologique comme le tri des déchets, la consommation d’eau ou d’énergie, l’achat responsable font désormais partie du quotidien des foyers français. En revanche, d’autres gestes plus compliqués, qui demandent un effort supplémentaire, comme celui d’aller jeter un pot de peinture à la déchetterie par exemple, ne sont pas encore des actions reflexes.
Peut-on catégoriser les Français qui pratiquent l’écologie au quotidien ?
Ce ne sont pas les mêmes populations qui effectuent les mêmes gestes. Les pratiques environnementales emblématiques sont exécutées, pour la plupart, par les classes moyennes et supérieures, qui vivent en majorité dans des villes de taille moyenne, sont propriétaires de leur logement, et sont bien intégrées dans leur vie socioprofessionnelle. Alors que les populations en situation précaire, comme les jeunes (18-25 ans) par exemple, ont plus de difficultés à se projeter dans les valeurs collectives. Ils ont d’autres priorités, comme celles de se loger ou de se nourrir.
L’éco-responsabilité ne dépend-elle que de la catégorie socio-professionnelle ?
Non, cela ne relève pas uniquement de la CSP, car derrière la notion de gestes environnementaux, il y a aussi l’éco-citoyenneté, qui est souvent représentée par de jeunes parents, se souciant de ce qu’ils vont léguer à leurs enfants.
Ces gestes écologiques sont-ils tous effectués pour les mêmes raisons ?
Pour ce qui est de l’économie d’énergie, certains percevront leur geste comme une véritable action en faveur de l’environnement, d’autres, dans les classes plus populaires, feront tout simplement des économies financières, et d’autres encore, comme les personnes âgées, ne feront que suivre une habitude probablement liée aux restrictions qu’ils ont connues jadis. Les motivations peuvent être donc très différentes pour un résultat finalement similaire.
Quels sont les facteurs qui font évoluer les mentalités des Français vers l’éco-responsabilité ?
Nous sommes bombardés par une quantité de messages, que ce soit de la publicité ou de l’information. Mais ce n’est pas suffisant, car l’individu n’a pas toutes les cartes en main. Les infrastructures et les modes de vie exercent énormément de contraintes sur nos habitudes et nos routines, ce qui laissent peu de place aux changements.
Page 1 / 2 | Suivante |
Sur le même thème : bonnes pratiques environnementales
Ökoté | 19.09.09 à 17.30
Tout à fait d’accord avec votre analyse.
Je me confronte au quotidien avec ces “petits détails” qui freinent certains français dans leur démarche. Tout le monde a désormais la fibre écologique mais tout est question de poids de la société. Il faut donc aider les jeunes, les demandeurs d’emploi, les familles précaires… à transformer l’essai et en leur donnant accès à un accompagnement personnalisé… et pragmatique avant tout !