Depuis une semaine, l’économiste Jean-Michel Charpin ne doit plus compter beaucoup d’amis parmi les professionnels français de l’énergie solaire. Chargé par l’Inspection Générale des Finances de diriger un rapport sur l’étude de la filière photovoltaïque, cet actuel administrateur d’ERDF a présenté, le 3 septembre, des conclusions peu appréciées par les acteurs d’un marché encore naissant. Ses principales préconisations : contrôler les volumes de production, orienter la R&D vers les grands industriels français et surtout réguler les tarifs d’achats à la baisse.
Deux communiqués, deux critiques du rapport Charpin
Dans des communiqués de presse - diffusés respectivement aujourd’hui et lundi - l’association professionnelle Enerplan et le producteur d’énergie solaire Photosol ont fait part de leur déception suite à ce nouveau coup porté au photovoltaïque. Un secteur déjà touché ces 15 derniers jours par une baisse des tarifs d’achat de l’électricité et une réduction du crédit d’impôt de 50 % accordé aux particuliers s’équipant de panneaux solaires. Principal casus belli pour les deux acteurs : la notion de « péril financier » utilisée par le rapport Charpin pour décrire le coût de développement du photovoltaïque français. Les deux communiqués regrettent également la vision très pessimiste du rapport sur l’opportunité énergétique que représente la technologie solaire mais aussi sur son potentiel en terme de créations d’emplois.
Un rapport pro-nucléaire ?
Unis dans la critique, les deux structures manifestent néanmoins leur mécontentement avec plus ou moins de vigueur. Assez timorée, Enerplan considère que le rapport Charpin reste le fruit d’un travail effectué « sérieusement avec une équipe qui a pris le temps d’écouter les différents acteurs ». L’association professionnelle précise d’ailleurs qu’elle souhaite être « partie prenante » de la concertation automnale sur le photovoltaïque récemment annoncée par Jean-Louis Borloo. Une prudence qui contraste avec le positionnement plus « musclé » de Photosol. Le producteur d’énergie s’interroge notamment sur la proximité de Jean-Michel Charpin avec la filière nucléaire. L’économiste est en effet un ancien administrateur d’EDF (1998 - 2004), a rédigé en 2000 un rapport intitulé « Etude Economique Prospective de la Filière Electrique Nucléaire » (2000) et est actuellement administrateur d’ERDF. Un mélange des genres en haut-lieu ? Toute ressemblance avec des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite.
A consulter
- Enerplan : Réaction suite à la publication du rapport Charpin (08.09.10)
- Photosol : Comment le Rapport Charpin entend « tuer » le solaire photovoltaïque au profit de l’électricité nucléaire ? (06.09.10)
Le Syndicat des Energies Renouvelables reste confiant
Au petit jeu des communiqués, la réaction de la branche photovoltaïque du Syndicat des Energies Renouvelables (SER-SOLER) se veut assez nuancée. Dans une missive diffusée ce matin, le syndicat énonce d’abord ses deux principaux points de désaccord avec le rapport de l’Inspection Générale des Finances. Ils portent sur le contrôle des volumes de productions et sur l’évaluation du coût de la CSPE (Contribution au Service Public de l’Electricité). Mais le SER-SOLER explique, dans le même temps, sa satisfaction de « voir le potentiel industriel de la filière solaire reconnu pour la première fois par une des plus hautes instances de l’Etat ».
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DM | 12.09.10 à 11.56
Quelle honte ce rapport Charpin ! Bravo pour les réactions qui balayent un à un les arguments mensongers de l’IGF. A lire en complément cette étude qui remet en cause l’intérêt purement financier du nucléaire : http://heloim.sinclair.over-bl.....75177.html