La Ville de Paris passe son mobilier urbain au crible de l’éco-efficacité
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par 29.06.11
|Depuis le mois d’avril, un nouvel outil a fait son apparition au sein de la direction de l’urbanisme de la Ville de Paris. A la base, la volonté de dépoussiérer le catalogue des mobiliers urbains de la capitale qui, dans sa mouture d’origine, affiche encore les prix en francs. Profitant de cette refonte, la direction de l’urbanisme a décidé d’y intégrer un volet environnemental au travers du déploiement d’un éco-calculateur permettant de calculer l’Analyse de Cycle de Vie (ACV) de chacun des produits.
Aucune ville étudiée n’évalue l’ACV de son mobilier urbain
A l’issue d’un marché public, c’est le bureau d’études Ecoeff qui a été choisi en septembre dernier, avec pour première mission d’établir un état de l’art sur le sujet. Surprise : aucune ville dans le monde ne semble être dotée d’un outil d’évaluation complet et évolutif. La ville d’Hanovre par exemple, évalue seulement la provenance des matières premières entrant dans la conception des différents mobiliers. A Paris, on a choisi de développer un outil analysant le cycle de vie complet des mobiliers urbains, car « on voit bien qu’aujourd’hui c’est l’ACV qui permet d’avoir l’approche la plus globale » explique Cedissia de Chastenet, référente développement durable à la direction de l’urbanisme de la Ville de Paris.
Restait à Ecoeff la lourde tâche de rassembler les données brutes auprès des fournisseurs, certains s’y pliant plus volontiers que d’autres. C’est le fabricant de mobilier en bois Aubrilam qui s’est prêté le plus volontiers au jeu. C’est d’ailleurs sur la base de sa documentation que le bureau d’études a dégagé les cinq indicateurs qui ont été retenus : l’effet de serre, l’acidification de l’air, l’euthrophisation, la consommation d’eau et la consommation des ressources naturelles.
Un premier test sur dix produits
Une première expérimentation de l’éco-calculateur a permis d’établir le profil environnemental d’une dizaine de mobiliers différents. Ainsi, on découvre que l’empreinte carbone d’un abribus atteint les 119 kg de CO2 par an, celle d’un banc ne coûte que 9 kg de CO2 à la planète et sans surprise, l’équivalent CO2 d’une sanisette sur l’ensemble de sa durée de vie atteint 620 kg de CO2 par an, le poste le plus lourd étant logiquement celui de la consommation d’eau.
Pour l’instant aucun comparatif n’a été effectué entre différents mobiliers d’une même famille : impossible aujourd’hui de déterminer si un potelet en plastique est plus durable qu’un potelet métallique. D’autant plus que chaque fabricant a ses propres méthodes de calcul, compliquant de fait la comparaison. Mais à terme, l’outil devrait permettre à la ville de fixer ses propres exigences et pousser ainsi les fabricants à être plus vertueux.
L’abribus intelligent bientôt décrypté
Après avoir déboursé 44 000 euros, pas question pour la ville de laisser l’outil tomber dans l’oubli. La direction de l’urbanisme compte bien être moteur de sa diffusion en interne : « au-delà du mobilier urbain, l’éco-calculateur pourrait être étendu à tous les produits achetés par la ville : du papier aux vêtements des agents municipaux », se prend à rêver Cedissia de Chastenet, voire d’être directement intégré aux appels d’offres publics.
Une quarantaine de mobiliers urbains intelligents vont prochainement être testés sur le territoire parisien par le Laboratoire Paris Region Innovation. L’occasion de mettre l’outil à l’épreuve : « nous avons le bilan d’un abribus classique, nous aimerions avoir celui de l’abribus du futur ! », glisse la référente développement durable.
De son côté, le gouvernement va mettre en place début juillet une expérimentation d’étiquettes environnementales sur des produits de grande consommation. Avec son éco-calculateur, Paris pourrait faire figure de ville pionnière.
Crédits photos : Ecoeff
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