Brûlures, lésions, intoxications, pollutions des nappes phréatiques… Les détergents d’origine pétrochimique sont de véritables plaies pour les utilisateurs et l’environnement. Lauréate du Prix « Coup de cœur » Cleantech Republic 2011 de la jeune entreprise éco-innovante, Cleanea a mis au point une technologie permettant de produire directement sur site des produits détergents écologiques. Avec une recette simple : de l’eau et de l’électricité.
Deux détergents produits sur place, l’un désinfectant, l’autre dégraissant
Il ne s’en cache pas : Jean-Christophe Pruvost, l’un des deux fondateurs de Cleanea, s’est fortement inspiré d’une technologie américaine pour mettre au point sa propre machine. Baptisée Europa V3, un patronyme que l’on peut sans doute attribuer aux ambitions européennes de l’entreprise, elle résulte de deux ans de recherche ayant abouti au dépôt d’un brevet. L’innovation se base sur le principe de l’électrolyse. A partir d’une saumure et d’un apport en énergie électrique, la molécule d’eau (H2O) est séparée en ions (OH- et H+). Par composition avec les ions Na+ et Cl- du sel, la réaction produit de l’acide hypochloreux (solution rouge) côté cathode, et de l’acide de soude (solution bleue) côté anode.
L’acide hypochloreux, doté de propriétés désinfectantes, est capable d’éliminer des bactéries et virus indésirables, le rendant « cent fois plus efficace que l’eau de Javel », affirme Jean-Christophe Pruvost. L’acide de soude, que l’entrepreneur compare au « savon de Marseille de nos grands-mères », a une fonction de dégraissage et de nettoyage. « Grande nouveauté de notre machine : le sel qui a servi à électrolyser ces solutions va être isolé grâce à des membranes protoniques et ne se retrouvera pas dans le produit final ». Un détail important pour l’entrepreneur, qui grâce à cette évolution, garantit une conservation plus longue des produits finaux. Autre avantage : les détergents Cleanea ne sont corrosifs ni pour les utilisateurs, ni pour les surfaces traitées.

Jean-Christophe Pruvost : remise du prix de la Jeune Entreprise éco-innovante Cleantech Republic 2011
Gain sur le bilan carbone : jusqu’à 50 %
Ces deux produits, qui ne sont au final que de l’eau améliorée, « sont totalement biodégradables et ne détériorent pas les nappes phréatiques » et peuvent donc être déversés dans les canalisations sans problème. La production sur site permet de s’abstraire d’une logistique contraignante pour les utilisateurs finaux et de diminuer d’autant l’empreinte carbone des produits. « La chaîne logistique est très faible puisqu’on utilise les deux fluides présents sur place : l’eau et l’électricité ».
Du côté de la consommation énergétique, la machine consomme l’équivalent d’une ampoule traditionnelle, et ne se met en route que lorsque le niveau des deux solutions diminue. Pour compléter l’approche verte, le sel d’électrolyse, fourni dans le cadre du contrat de maintenance, est acheté par Cleanea auprès de salines françaises. « Nous avons reçu beaucoup d’aides et de subventions et nous considérons que nous devions rendre ce que nous avions reçu, en fabriquant nos machines en France », ajoute le Directeur général de Cleanea. Une analyse du cycle de vie de la machine promet des gains de 30 à 50 % sur le bilan carbone par rapport aux produits détergents classiques.
Des hôtels aux hôpitaux
A l’issue des premiers mois de commercialisation, Cleanea a déjà séduit une vingtaine de grands comptes privés et s’intéresse désormais aux collectivités, comme Neuilly-sur-Seine ou Puteaux. Vendue 13 700 euros, la machine est amortie après trois ans d’utilisation en fonction des clients, soit une économie pouvant aller jusqu’à 80 % sur le budget entretien. Prochaine étape ? Les hôpitaux et cliniques, même s’il faudra faire face à des protocoles d’hygiène nettement plus complexes. A terme, les produits pourraient même être vendus en vrac chez des commerçants partenaires. Un petit bidon d’acide hypochloreux pour la route ?
Cleanea : Lauréat du Prix 2011 de la Jeune Entreprise Eco-Innovante
C’est dans le cadre du salon Pollutec Horizons que l’équipe de Cleantech Republic a dévoilé, le 1er décembre, le palmarès de la troisième édition de son Prix de la Jeune Entreprise Eco-Innovante. La société Cleanea s’est vue décerner le Prix « Coup de Cœur ».
En savoir plus sur la machine de Cleanea (Europa V3)
Données générales :
- Lancement commercial : mars 2011
- Production : 30 litres / heure
- Durée de vie : huit ans
- Tarifs : 13 700 euros (achat de la machine) / 2 200 euros annuel (contrat de maintenance comprenant notamment la fourniture du sel et le changement de la cellule d’électrolyse)
- Objectifs de vente : entre 60 et 110 machines (2012)
Fonctions d’usage des solutions :
- Solution rouge (acide hypochloreux) : acide doux désinfectant, dont la forte teneur en chlorine permet d’éliminer les bactéries et virus (listéria, salmonelle, le staphylocoque doré, HIV, H1N1…). Permet également de faire briller les surfaces sur lesquelles elle est appliquée (inox, vitres, porcelaine, émail…).
- Solution bleue : acide de soude, permettant de nettoyer et dégraisser les équipements sanitaires, les équipements et ustensiles de cuisine, ainsi que les sols, revêtements, moquettes, tables et autres surfaces.
Principaux avantages d’Europa V3 :
- Produits non nocifs pour les usagers (ne nécessite pas le port de gants et masques)
- Produits biodégradables
- Production sur site (pas d’empreinte carbone liée à la livraison des produits détergents, au recyclage des contenants et à leur fabrication)
- Consommation réduite : 100 watts
Cleanea en bref
- Création : mars 2009
- Fondateurs : Jean-Christophe Pruvost et Patrick Fournier
- Siège social : Puteaux (92)
- Effectif : 5 salariés
- R&D : assurée en partenariat avec l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts & Métiers (ENSAM)
- Fabrication de la machine de Cleanea (Europa V3) : Saint-Ouen-l’Aumône (95 - Val d’Oise)
- Clients : BNP, Axa, Tour TF1, Sodexho, Hyatt Paris
- Levée de fonds / Subventions : 400 000 euros / 350 000 euros
- Chiffre d’affaires : 300 000 euros (2011) / objectif 2012 : un million d’euros
Crédits photos : Cleanea / Elsa Sidawy - Cleantech Republic
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ROZIER Annie | 9.01.14 à 16.44
Faites connaître cette machine aux collectivités en général et notamment pour les enfants
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