A l’exception peut-être de nos lecteurs les plus savants, le terme « chromatogénie » a de quoi rebuter. Derrière ce mot abscons se cache en fait un procédé permettant de rendre les papiers et cartons « barrières » à l’eau. A l’origine de cette innovation, la start-up isèroise BT³ Technologies a été récompensée, début décembre, par le prix « Espoir » Cleantech Republic 2011. Une distinction qui vient récompenser une méthode exemplaire sur un plan environnemental, mais aussi très prometteuse au niveau commercial. Les papiers et cartons traités devenant de sérieux concurrents recyclables aux matières plastiques.
Des matériaux barrières à l’eau, mais aussi aux graisses et aux gaz
Grâce au contrôle de la tension de vapeur, BT³ technologies dépose à la surface des papiers et cartons une couche nanométrique d’acides gras d’origine naturel. Réalisé à vitesses très élevées, cette opération provoque une réaction chimique qui rend les matériaux hydrophobes. Un procédé déjà validé sur une ligne pilote réalisée en partenariat avec le Centre Technique du Papier (CTP). « Ce qui est intéressant avec cette innovation, c’est que non seulement les matériaux produits sont recyclables, mais le procédé lui-même est exemplaire en matière de chimie verte, explique Olivier Muquet, Directeur marketing de BT³ Technologies. Il ne nécessite en effet aucun solvant et ne dégage pas de produits toxiques. » Mieux, la start-up a développé un second niveau de sa technologie pour rendre les mêmes matériaux « barrières » aux gaz et aux graisses.
Le transfert technologique comme modèle économique
Sur un plan commercial, la start-up iséroise pense pouvoir décliner son procédé pour de nombreuses applications. Citons ainsi les emballages agroalimentaires, les caisses et palettes pour la logistique, les sacs de ciment, les textiles techniques ou même encore les nappes jetables. Pour chacun de ces marchés, la start-up proposera sa technologie à des industriels déjà implantés. « Un client potentiel vient nous voir pour supprimer ou remplacer sa solution existante comprenant des composants plastiques. Nous leur proposons des essais en laboratoire. Si ceux-ci sont validés, nous mettons en place un transfert technologique. Cela passe par la cession d’une licence et l’accompagnement à la construction ou la modification d’une ligne de production ». Un modèle non exclusif. A terme, BT³ Technologies envisagerait en effet une production industrielle en interne. « Car certains clients ont de trop petits volumes pour se payer notre technologie. » D’ici là, la jeune pousse prépare une levée de fonds prévue pour le premier semestre 2012. « Chromatogénie » est peut-être un terme alambiqué, mais il a de l’avenir.
Crédits photos : CTP - TeliCell - A.Chézière
BT³ Technologies : Lauréat du Prix 2011 de la Jeune Entreprise Eco-Innovante
C’est dans le cadre du salon Pollutec Horizons que l’équipe de Cleantech Republic a dévoilé, le 1er décembre, le palmarès de la troisième édition de son Prix de la Jeune Entreprise Eco-Innovante. La société BT³ Technologies s’est vue décerner le Prix « Espoir ».
BT³ Technologies en bref…
- Secteur : biomatériau, chimie verte
- Date de création : 13.09.2010
- Effectifs : 4 personnes
- Chiffre d’affaires : n.c
- Partenaires : Axelera, Cermav, CNRS, Centre Technique du Papier (CTP)
- Clients potentiels : grands groupes dans les secteurs de l’emballage, du bâtiment et de la papeterie
- Concurrents : producteurs de bioplastiques
Sur le même thème : axelera, biomatériau, bioplastique, carton, chimie verte, CNRS, emballage, Prix Cleantech Republic, Prix Cleantech Republic 2011, recyclage, start-up
irisyak | 23.12.11 à 10.39
Je serais heureux de savoir si on peut en faire un isolant en panneaux ?