Des champignons pour recycler du plastique. C’est l’idée saugrenue du très sérieux Austrian Centre of Industrial Biotechnology (ACIB) dont les chercheurs étudient actuellement le potentiel des enzymes de champignons pour obtenir un plastique recyclé aussi pur que l’original. Explications.
Améliorer le recyclage du plastique
Traditionnellement, les plastiques comme les bouteilles d’eau – majoritairement du PET (Polyéthylène Téréphtalate), et du PEHD (Polyéthylène Haute Densité) – débarquent au centre de tri lavés, mis en balle et refondus pour fabriquer de nouveaux produits. Problème : la matière recyclée devient alors moins noble et perd ses qualités à force de recyclages successifs. « Les propriétés et les taux de recyclage sont limités à cause des contaminants présents dans le plastique comme les colorants » explique le Dr. Enrique Herrero Acero, coordinateur de l’ACIB. Pour corriger le tir, le centre de recherche autrichien a donc mis au point d’un procédé de recyclage du PET à partir d’estérase, une enzyme présente dans les champignons, plus particulièrement dans le Fusarium solani.
Un champignon casseur de polymères
Plus connu pour s’attaquer aux végétaux qu’aux bouteilles en plastique, ce champignon est capable d’hydrolyser - décomposer par l’eau - les liaisons d’esters qui forment les polymères comme le PET. Cette décomposition permet ainsi d’obtenir des monomères qui seront extraits pour reformer un plastique aussi pur que celui qui a été réduit en miettes. Les monomères issus de cette hydrolyse ont exactement les mêmes propriétés que lorsque l’éthylène glycol et l’acide téréphtalique sont synthétisés chimiquement pour créer le PET. « Ces monomères peuvent ensuite être réintroduits dans le processus traditionnel de polymérisation et créer un PET tout ‘neuf’ explique le chercheur. Cela permettrait d’éviter le recours à des ressources non renouvelables, des produits chimiques et de l’énergie pour produire des monomères ».
Une solution « industrialisable » ?
Reste encore à connaître le bilan énergétique de ce nouveau processus par rapport à celui de la méthode thermique actuelle. Et aussi sa capacité à être industrialisé. La production d’enzymes nécessite en effet près deux jours de culture. Un délai auquel s’ajoute deux journées supplémentaires pour la dégradation des plastiques. Pourtant, le docteur Enrique Herrero Acero l’assure : « l’implantation de ce procédé en centre de tri sera très facile. Il demandera juste l’installation d’un premier container où se déroulera l’hydrolyse et d’un second pour extraire les monomères de la solution ». Pour le chercheur et son équipe, la prochaine étape consistera à détecter de nouvelles enzymes capables d’hydrolyser d’autres polymères comme les polyamides ou les polyesters. La chasse aux champignons est ouverte.
L’ACIB en bref
- L’Austrian Centre of Industrial Biotechnologies est détenu à parité entre quatre universités (Graz University of Technology, University of Natural Resources and Life Sciences, University of Graz, University of Innsbruck) et plusieurs entreprises du secteur privé (Basf, DSM, Sandoz, Boehringer, Cytec)
- Localisation : Graz (Land de Styrie)
- Démarrage des activités de l’ACIB : janvier 2010
- Budget de fonctionnement : 65 millions d’euros sur 5 ans
- Equipe : 120 personnes
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samar | 27.01.13 à 21.56
peut on savoir les dosages exactes pour effectuer ce recyclage svp??