« L’air intérieur est souvent de moins bonne qualité que l’air extérieur »
par 03.02.12
|85%. C’est en moyenne la part de notre temps que nous passons dans des bâtiments . Une statistique qui explique, sans doute, l’émergence de programmes de recherche et de solutions innovantes autour de la qualité de l’air intérieur. L’Ecole des Mines d’Alès organise ainsi, mardi 7 février, une conférence spécialement consacrée à cette thématique. Avec pour ambition de dresser un état des lieux des solutions de mesure de la qualité de l’air intérieur, de l’impact des polluants sur la santé humaine mais aussi des réponses existantes pour réduire les émissions. Entretien avec Jean‐Louis Fanlo, Responsable de l’équipe de recherche « Odeurs & COV » aux Mines d’Alès.

Jean-Louis Fanlo
Cleantech Republic : Pourquoi la qualité de l’air intérieur est devenue un enjeu majeur de santé publique ?
Jean-Louis Fanlo : Quand on parle de pollution de l’air, on pense naturellement à l’extérieur. Pourtant, bien souvent, l’air intérieur est souvent de moins bonne qualité que l’air l’extérieur. Nos habitations sont de mieux en mieux chauffées mais aussi de plus en plus confinées. Dès lors, les matériaux de construction et d’ameublement génèrent des pollutions qui nuisent à la qualité de l’air que nous respirons. A ces sources statiques s’ajoutent celles liées à l’activité humaine, comme la cuisine par exemple. Ce confinement de polluants se vérifie non seulement dans les logements individuels mais aussi dans les espaces de travail.
En septembre dernier, l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur fêtait ses dix ans. Le stade de la prise de conscience semble désormais passé….
Aujourd’hui, la population a effectivement conscience qu’il y a un risque potentiel. Et plus particulièrement pour les personnes les plus fragiles comme les jeunes enfants et les personnes âgés. En 10 ans, cette prise de conscience est allée crescendo grâce notamment au travail de l’Organisation Mondiale de la Santé et de l’Observatoire de la Qualité de l’Air. Les citoyens sont conscients que si la qualité de l’air de leur logement n’est pas bonne, cela peut avoir des conséquences sur leur santé. Mais parfois cette prise en compte a ses limites. La meilleur façon d’améliorer la qualité de l’air, cela reste d’ouvrir les fenêtres. Or ce n’est pas encore un réflexe chez tout le monde. Il faut être plus présent dans l’information du grand public.
Comment avance la recherche sur ce sujet ?
Je dirige une équipe qui travaille précisément sur les problématiques d’odeurs et de composés organiques dans l’air depuis une trentaine d’années (ndlr : équipe « Odeurs & COV » du Laboratoire Génie de l’Environnement Industriel de l’Ecole des Mines d’Alès). La première étape consistait à identifier les polluants présents dans l’air intérieur et les quantifier. La difficulté désormais c’est de déterminer quels sont leurs impacts sur la santé. De façon très large, nous pouvons dire aujourd’hui qu’ils vont du désagrément - comme une odeur désagréable - à la pathologie avérée. En résumé, si nous savons que la pollution de l’air extérieur peut provoquer une crise d’asthme, nous devons encore affiner ce type de constats pour l’air l’intérieur.
Ce n’est qu’une fois que ces diagnostics seront établis qu’arriveront les solutions ?
Non, les solutions sont déjà en train d’arriver. Lors de première table-ronde de notre conférence, nous parlerons ainsi d’une solution efficace au niveau des matériaux : l’étiquetage des polluants. C’est une bonne façon de supprimer la fabrication et donc l’usage des matériaux les plus émissifs. Cette étiquetage devrait avoir un vrai impact sur l’industrie. Ensuite, il faudra provoquer des changements de comportements chez les citoyens.
Dans ce contexte, quel est l’objectif de la conférence alésienne de mardi ?
Notre idée c’est de créer un débat entre les intervenants et la salle afin de faire remonter les préoccupations, notamment celles des industriels et des fabricants. Cette manifestation est co-organisée avec le pôle Risques. Ensemble, nous avons cherché à identifier les ressources scientifiques locales et nationales les plus pertinentes sur ce sujet. Tous les échanges de cette conférence seront enregistrés de manière à préparer la rédaction d’une synthèse. A l’issue de cette conférence, nous avons également pour ambition de former un groupe de travail regroupant une partie des participants. Il devrait se réunir environ deux fois par an.
Il y a donc une ambition à long terme…
Nous voulons offrir un espace d’échange aux entreprises et industriels locaux. Avec ce groupe de travail, ils pourront réfléchir ensemble à de nouvelles solutions pour réduire la pollution dans les bâtiments et donc rester compétitifs.
Conférence « Qualité de l’air intérieur : où en sommes nous ? Règlementation, métrologie et santé »
Mardi 7 février - Ecole des Mines d’Alès - Entrée libre sur inscription
- 9h. Accueil des participants
- 9h30. Ouverture
- 10h00. Intervention de Patricia BLANC ‐ Chef du service de la prévention des nuisances et de la qualité de l’environnement à la Direction Générale de la Prévention des Risques (DGPR), MEDDTL
- 10h30. Table ronde « Qualité de l’air intérieur : Matériaux et mise en application du décret sur l’étiquetage »
- 11h45. Table ronde « Qualité de l’air intérieur : Evaluation des expositions »
- 14h30. Table ronde « Qualité de l’air intérieur : Santé, évaluation des risques »
- 15h45. Clôture
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