SERCE : « Le contrat de performance énergétique est le bon outil »
par 23.01.13
|Face à l’immense chantier de la rénovation thermique, l’année 2013 pourrait être marquée par le véritable démarrage du contrat de performance énergétique. C’est en tout cas le point de vue de Pascal Jean. Dans une interview exclusive, le Président de la Commission Efficacité énergétique du SERCE (Syndicat des Entreprises de Génie Electrique et Climatique) revient sur les atouts de ce type de contrats et évoque différentes pistes d’action pour favoriser sa diffusion.
Cleantech Republic : En septembre 2012, Anne Valachs - Directeur Général du Serce - misait sur une montée en puissance* du contrat de performance énergétique d’ici un à deux ans. Cet espoir s’est-il vérifié ?
Pascal Jean : Notre vision c’est que le CPE est le bon outil. S’il reste difficile à mettre en oeuvre c’est parce qu’il se conçoit en amont du projet. Il nécessite donc un résultat assuré et vérifié. C’est une démarche qui est nouvelle pour tous les acteurs. Cela explique que les premiers résultats n’étaient pas à la hauteur des prévisions indiquées dans les contrats. Le gros point positif c’est que les acteurs savent désormais mesurer l’écart entre le papier et la réalité. Grâce à cette expérience, ils vont pouvoir amorcer leurs offres de CPE.
Pour l’instant, il semblerait que le contrat de performance énergétique est un outil accaparé par les grands acteurs…
Je le regrette car l’efficacité énergétique concerne tous les professionnels. Par exemple, si une collectivité souhaite recourir à un CPE pour remplacer une chaudière, une PME est tout à fait pertinente pour y répondre. Pour le contrat de performance énergétique de Schiltigheim, une partie de la ventilation est ainsi traitée par des entreprises locales. Aujourd’hui, la grande crainte des entrepreneurs c’est le risque. La non réalisation des économies promises peut en effet être très coûteuse pour une PME. Les patrons n’osent donc pas répondre à ce type de contrats.
Les professionnels regrettent aussi souvent la complexité de ce type de contrats….
Effectivement, un CPE nécessite de recourir à de nombreux de conseils qui représentent un coût. La solution réside donc dans la globalisation des demandes. EDF ou GDF travaillent déjà avec des réseaux de PME locales. Il faut encourager ce type de partenariats. Je milite pour que le marché des CPE soit davantage ouvert aux PME.
Comment encourager les PME à se positionner davantage sur les contrats de performance énergétique ?
C’est dommage qu’il n’y ait pas plus de communication sur des exemples de contrats de performance énergétique réussis. Par exemple, le CPE du Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne a dépassé son objectif initial d’économie de 43%. Malheureusement les entreprises ont également du mal à communiquer sur ces projets.
Les professionnels du bâtiment sont-ils désormais mieux informés sur le sujet de la rénovation durable ?
Les mentalités changent, c’est indéniable. Nous militons au sein du Serce pour que cette démarche de rénovation durable soit inscrite dans les programmes de formation continue mais aussi initiale des professionnels du bâtiment. Je pense notamment aux fonctions de conducteur de travaux et de chef de chantier. A l’avenir, il faudra d’ailleurs veiller à ce que la réglementation n’aille pas plus vite que la formation. Tout entreprise qui travaille sur l’efficacité énergétique va devoir former ses équipes.
Nous sommes encore en période de voeux… Quels seraient vos souhaits pour l’année 2013 en matière de rénovation durable ?
Je souhaite et je pense que 2013 sera l’année de démarrage du contrat de performance énergétique. Je vois d’ailleurs déjà un certains nombre de demandes de CPE sur la table. Au niveau de la réglementation, ce sera une année charnière avec notamment la publication du décret sur l’immobilier tertiaire. Enfin, plus globalement, le secteur va continuer d’avancer sur le sujet de la rénovation durable et donc engranger encore un peu plus d’expérience.
* Lire l’interview d’Anne Valachs (30.09.11)
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Dominique | 23.01.13 à 12.26
Il y a toujours un train de retard entre les directives et leurs applications. Nous voyons le même exemple dans les énergies renouvelables où les directives et même la demande sont présentes mais où la filière peine un peu à s’adapter. Il faudrait peut-être penser les directives d’abord dans leurs applications (formations, communication auprès des acteurs et des cibles concernées) un peu avant de les mettre en rigueur. Le plus dommageable est que bien souvent ce train de retard est le seul élément retenu au moment de communiquer sur une expérience globale ; en occultant les réussites.