L’hybridation : une tendance forte chez les constructeurs automobiles
par 18.02.13
|Depuis près de trois ans, la voiture électrique bénéficie de toutes les attentions : politiques publiques très volontaristes (AMI sur les infrastructures de recharge, barème bonus/malus renforcé …) et mise en place de forts incitants (accès gratuit aux bornes de recharge, stationnement gratuit dans les grandes agglomérations…). En 2012, ce marché a représenté 0,5 % des ventes automobiles en France, en progression de 100 % par rapport à 2011.
Pourtant, il est une autre motorisation qui est moins exposée sous le feu des projecteurs : la voiture hybride. Sous les effets conjoints des normes antipollution, des prix de vente et des coûts d’usage inférieurs aux modèles thermiques équivalents, les véhicules hybrides et hybrides rechargeables risquent fort de gagner en parts de marché dans les années à venir. Co-fondateur de Breezcar, Fabrice Spath décrypte cette tendance de fond dans une Tribune d’expert exclusive.
Un contexte extrêmement favorable
L’irrésistible montée du prix à la pompe, le durcissement des normes environnementales, la revalorisation des barèmes bonus-malus ou encore le danger sanitaire que représentent les particules fines émises par les moteurs diesels créent des conditions favorables au lancement de modèles hybrides et hybrides rechargeables. Toyota, pionnier de cette technologie dès 1997 avec le lancement de la Prius, détient plusieurs records en la matière : 4 millions de voitures hybrides commercialisées dans le monde, évitant ainsi le rejet de 26 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère.
Les constructeurs automobiles, à l’instar du groupe PSA Peugeot-Citroën qui a intégré la technologie HYbrid4 sur quatre de ses modèles (DS5, 3008, 508 et 508 RXH), ont en ligne de mire les objectifs européens en matière d’émissions de CO2 : en 2020, les nouveaux véhicules mis sur le marché ne devront pas émettre plus de 95 grammes de C02 par kilomètre parcouru. A défaut, ces derniers devront s’acquitter d’une pénalité de 95 euros par gramme supplémentaire. Par ailleurs, une récente étude menée par le cabinet Oliver Wyman confirme la tendance forte qui se dessine autour des véhicules plus sobres et moins émetteurs : en 2020, ses experts considèrent que les hybrides représenteront entre 10 et 15 % du marché mondial du neuf.
L’hybridation : une réalité hétérogène
La Toyota Prius - la plus emblématique des voitures hybrides - présente une double motorisation thermique et électrique. Né en 1997, la Prius en est à sa troisième génération et représente 10 % des ventes du premier constructeur mondial. On distingue généralement trois niveaux d’hybridation. D’abord le mild hybrid - le niveau d’hybridation le plus faible - qui correspond à un système Stop & Start renforcé. Le full hybride - technologie la plus répandue à ce jour - consiste à propulser la voiture simultanément par deux moteurs (électrique et thermique) ou par chaque moteur séparément.
Enfin, l’hybride rechargeable (ou plug-in hybrid) - technologie qui autorise la voiture à recharger ses batteries sur le réseau électrique - qui permet d’utiliser le véhicule en mode tout électrique pour les petits trajets. Principaux avantages de ce type de motorisation : la diminution de 10 à 30 % de la consommation des véhicules suivant leur utilisation et la limitation des émissions polluantes parmi lesquelles les NOx (oxydes d’azote) ou le C0 (monoxyde de carbone).
Plus de 50 modèles hybrides en Europe en 2016
Lors du dernier Mondial de l’Automobile, les groupes Ford, Toyota et Volkswagen ont annoncé le lancement de 32 nouveaux modèles hybrides. Formulant le même constat, ces constructeurs ont décidé de se concentrer sur la technologie hybride, plus adaptée selon eux aux attentes des consommateurs que l’électrique pur. Toyota y a ainsi dévoilé son ambitieux plan de développement de véhicules hybrides incluant Lexus, sa marque premium. D’ici à 2015, le constructeur souhaite présenter 21 modèles hybrides, sept portant sur des renouvellements de véhicules existants, quatorze sur de vraies nouveautés. D’ici à 2015, le constructeur américain Ford lancera 4 modèles « propres » sur le marché européen : la Mondeo hybride (fin 2013), le C-Max hybride (2013) ainsi que leurs versions hybrides rechargeables respectives (2014).
Le groupe Volkswagen mise quant à lui sur l’hybride rechargeable. Embarquant une batterie de plus grande capacité et donc plus onéreuse que sur les « full hybrides », les futures versions « propres » seront prioritairement intégrées aux modèles premium. A commencer par Porsche (918 Spyder et Panamera) en 2013, suivi en 2014 par Audi (A3, Q7) puis par Volkswagen l’année suivante (Golf, Passat).
Une année 2013 prometteuse
Les évènements sur le marché du véhicule hybride ne manquent pas : l’alliance Renault-Nissan, pourtant engagée dans un vaste plan véhicule électrique, a annoncé il y a quelques mois avoir l’intention de lancer 15 modèles hybrides (Nissan) et de doter ses véhicules des segments B et C d’un système hybride « low-cost » (Renault). Le groupe PSA Peugeot-Citroën, déjà leader sur la technologie hybride-diesel (HYbrid4), a présenté il y a peu un système Hybrid-Air.
De leur côté, les équipementiers R. Bosch, Continental ou Valeo multiplient les innovations favorisant la réduction des émissions polluantes globales des flottes des constructeurs. Les investissements réalisés sur ce type de motorisation sont d’ores et déjà confortés par les performances commerciales et par un TCO (Total Cost of Ownership ou Coût Total de Possession) inférieur aux modèles thermiques équivalents. Et la tendance ne devrait que se confirmer dans les prochaines années.
Bio express de l’auteur
Fabrice Spath est Président et co-fondateur de Breezcar, le premier guide d’achat en ligne des véhicules électriques et hybrides.
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