ZaaKSand : un « sable » intelligent et écologique
Article partenaire, Chimie | Aucune réaction
par 05.07.16
|Article réalisé en partenariat avec KIC InnoEnergy, société européenne de soutien à l’innovation, la création d’entreprise et la formation dans les énergies durables.
C’est en 2012 - suite à la lecture d’un article sur la crise mondiale du sable - qu’Abbas Khan, titulaire d’un doctorat en chimie, a eu l’idée de transformer les cendres volantes industrielles en un sable d’un nouveau genre. Autant dire que sa start-up, ZaaK Technologies, transforme le plomb en or !
Cleantech Republic : Quel est donc le processus que vous avez imaginé ?
Abbas Khan : Il s’agit de récupérer des cendres volantes, non ou mal valorisées, pour en faire un matériau alternatif au sable dans le domaine de la construction. En pratique, les cendres issues de combustion industrielle (typiquement la production d’électricité au charbon) sont mélangées avec un additif spécial, facile à produire partout dans le monde (mais que je ne dévoilerai pas !), pour obtenir des granules, qui une fois traités à haute température, se transforment en une sorte de sable de céramique. La fabrication s’effectue en continu, directement sur le site de production des cendres. Mais notre procédé n’est pas le plus intéressant : tout est dans notre produit !
Justement, vous qualifiez votre sable d’« intelligent »… N’est-ce-pas un peu exagéré ?
À vous de le dire. Mais laissez-moi d’abord vous en lister les bénéfices. D’abord, nous sommes capables de choisir – et surtout de garantir – la granularité du produit fini. Une flexibilité à l’évidence impossible avec le sable naturel. Ensuite, notre sable est 50% plus léger, ce qui ouvre des perspectives architecturales nouvelles. De plus, il ne contient aucune impureté, ce qui évite non seulement les cycles habituels de lavage/séchage, mais surtout offre aux bétons une meilleure qualité et donc une meilleure sécurité (ndlr : des inclusions peuvent conduire à des faiblesses structurelles). Grâce à de meilleures liaisons à l’échelle moléculaire (y compris dans les pays très chauds et humides), on estime que la durée de vie d’un édifice peut être doublée grâce au « ZaaKSand », sans parler de l’intérêt pour la construction parasismique… Enfin, il offre au secteur du bâtiment un bilan énergétique exceptionnel, tant lors de la construction (économies d’eau, de fer à béton, de transport, d’énergie, etc.), qu’à l’usage du bâtiment puisqu’un béton au SmartSand est 5 fois plus isolant qu’un béton classique ! Vous en voulez encore ? Il est aussi beaucoup plus étanche au son.
Quelles en sont les applications reines ?
Elles sont tellement nombreuses que nous allons laisser le marché en décider. Il est certain que notre « sable » sera un matériau haut de gamme, ne serait-ce que parce que les volumes potentiels de production restent sans commune mesure avec les besoins (quelques % au mieux…). Nous pensons néanmoins que la dimension architecturale, en particulier la densification des villes, est un axe important : la légèreté du produit permettra par exemple de réaliser des extensions verticales sans compromettre la sûreté des bâtiments existants, ou encore d’ajouter des voies de circulation à un pont… Nous sommes par ailleurs déjà en contact avec des industriels comme St Gobain, Weber, ou Cemex, qui imaginent des nouveaux matériaux de construction qui intégreraient du ZaaKSand : par exemple des mortiers techniques, des panneaux de béton…
Comment allez-vous produire suffisamment, et surtout financer votre outil de production ?
C’est bien sûr un enjeu pour une start-up à vocation industrielle. Nous allons commencer avec une usine pilote de 15.000 m3 par an, avant une implantation industrielle de l’ordre de 300 000 m3/an. À l’échelle locale (Allemagne), nous avons construit un model du type Build-Own-Operate (ndlr : BOO – l’opérateur finance, construit, et exploite l’infrastructure avec une marge bénéficiaire prédéterminée, via l’application de tarifs contractuels long terme). Pour l’international, nous monterons des joint-venture avec des industriels. Mais le modèle principal sera la licence technologique, assortie de services (aide technique, assistance pour sourcer les additifs…). Côté financement, nous levons actuellement 3 M€, dont 1M€ sont déjà sécurisés, notamment grâce à la présence de KIC InnoEnergy à notre capital, qui rassure les autres investisseurs quant à la validité et la crédibilité de notre technologie et de notre modèle économique. Ces fonds seront investis à 80% dans la construction du démonstrateur en Allemagne. Rendez-vous en 2017 pour l’inauguration du premier édifice « ZaaKSand inside » !
Le sable en chiffres…
- Marché mondial : 70 Mrds US$ / an.
- Entre 10 et 15 milliards de tonnes de sable naturel extraites chaque année.
- 1 km d’autoroute = 30 000 tonnes de sable.
- Une maison = 200 tonnes de sable.
- Chaque européen « consomme » 4,6 tonnes de sable par an.
- Chaque année, 2 milliards de tonnes de sable seraient exploitées illégalement en Inde.
- Dubaï a importé son sable d’Australie pour ériger le Burj Kalifa, la plus grande tour du monde.
Sur le même thème : Chimie, innovation, KIC InnoEnergy, sable, start-up